DU FOND DES ESPELUQUES

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La saga du pont de Dions

Publié par Espéluques sur 13 Juillet 2014, 08:13am

Catégories : #Dions pont submersible gardon

 

Avant la fin du XIXème siècle le franchissement des fleuves et rivières par des ponts n’était la règle que pour les cours d’eau d’importance et pour les axes de circulation les plus fréquentés. Pour ce qui concerne les environs de Dions, le Pont St Nicolas, daté du 1260, a longtemps été le seul ouvrage en dur au-dessus du Gardon.

En 1840 le pont de Ners est inauguré, mais il est mal placé pour améliorer nos relations avec l’Uzège. Il faudra ensuite attendre 1844 pour que la Gardonnenque obtienne à Moussac un pont suspendu très étroit, et qui plus est à péage.

A partir de 1852 Dions commence à émettre des vœux aux autorités préfectorales pour obtenir sur le CD22 un pont qui favoriserait le commerce entre Uzès et Sommières, et plus largement entre la vallée du Rhône et Montpellier. Cette demande est renouvelée en 1857, puis en 1864. La réponse est toujours négative : « La destination de cette ligne n'est pas précisément de relier les villes de Sommières et d'Uzès, qui, distantes de 25 kilomètres, n'ont presque point de relations entre elles, mais bien de desservir les villages intermédiaires qui se présentent entre ces deux localités… Cette ligne vicinale, envisagée comme composée d'une suite de chemins ordinaires des plus importants, est donc destinée à satisfaire les intérêts particuliers de la suite des localités rencontrées par elle, et non à opérer la jonction de la ville d'Uzès avec celle de Sommières… Il ne reste donc sur la rive droite, comme ayant un intérêt réel à la viabilité du passage du Gardon, que la commune de Dions. ».

Réponse pertinente certes, mais pourtant quand en 1878 d’autres communes réclament un pont sur le ruisseau des Seynes sur le même CD22, quelques kilomètres avant Uzès, on leur répond qu’un pont sur ce ruisseau est inutile puisqu’il n’y a pas de pont à Dions !

En 1881 enfin le rapport de l’agent-voyer, l’ingénieur de l’Equipement de l’époque, tout en niant l’intérêt de ce pont, consent à admettre qu’on pourrait construire à moindre frais un pont submersible : « En présence de la limite des ressources de la vicinalité, qui est loin de permettre à ce service la construction d'ouvrages d'une importance aussi capitale que celle de l'établissement de ponts insubmersibles sur le Gardon, l'Administration, dans le but de donner aux communes, pour l'amélioration de ce passage, la seule satisfaction qui pût se concilier avec les fonds dont elle dispose, s'est proposée d'avoir recours, pour le passage du Gardon à Dions, aux moyens déjà employés dans des cas semblables, pour le passage du Vidourle. A raison de la similitude qui se présente dans la situation des lieux, elle a demandé aux Agents-Voyers chargés du service de celte section du chemin n° 22, d'étudier un projet d'amélioration du passage du Gardon, suivant les bases précédemment employées par MM. les Ingénieurs de l'Hérault, pour le passage du Vidourle ».

Ce projet visait à construire au milieu du lit majeur du Gardon un pont submersible de 120 mètres, qui serait desservi par deux chaussées en pente à partir du Roc de Beaulieu pour la rive gauche, et à partir du rocher de la Cabane pour la rive droite.

En 1882 un nouvel agent-voyer constate que la rive droite en particulier reçoit les eaux de la Braune et l’essentiel des eaux du Gardon, et que donc ces deux chaussées de descente en épis risquent de constituer un obstacle au bon écoulement des eaux. Il préconise de construire un pont de 40 mètres directement depuis le rocher de la rive droite, de poser une chaussée en radier sur le lit majeur, et de remplacer la descente en rive gauche par une pente contournant le roc de Beaulieu.

Ces dispositions sont acceptées et la construction du pont peut commencer. Il sera mis en service dans le courant du dernier trimestre de 1887. En avril 1888, le bac est par conséquent officiellement supprimé.

Patatras ! Les 27, 28, 29 et 30 septembre de la même année, les 1 et 2 janvier 1889, de violentes pluies s’abattent sur le Gard. Le Gardon gonfle, les eaux charrient arbres et graviers, les arches du pont sont colmatées, le pont lui-même subit de gros dégâts, la rivière modifie son lit et s’installe sur la route en radier qui prolonge le pont.

Une fois les eaux retirées, on nettoie et l'ouvrage est remis en service mais la circulation y est sinon impossible, en tout cas très problématique. En 1890 le Conseil Général demande à ce que d’autres arches soient ajoutées au pont. Ce sera fait en 1892 moyennant une fermeture estivale de 30 jours.

Pour autant pont et chaussée ne restent praticables que quelques semaines par an et en 1895, le département transfère la gestion du bac à la commune qui le remet en service.

Les réparations sur la chaussée se poursuivent et en 1905 le service du bac peut enfin être une seconde fois arrêté.

Faute d’action efficace sur le régime du Gardon et sur l’entretien du lit et des berges, le cercle vicieux des inondations et des réparations se poursuit. Il faudra réparer à nouveau la chaussée en 1911, reconstruire une pile en 1913, réparer les autres en 1914. Une arche est emportée en 1928. Les pouvoirs locaux, lassés, font le forcing en 1937 pour obtenir la reconstruction du pont. En vain !

Les inondations de 1956 font encore de très gros dégâts. Des arches sont reconstruites, d’autres ajoutées.

Bien qu’aujourd’hui encore le pont submersible de Dions reste vulnérable, et soit recouvert plusieurs fois par an, mais c’est sa fonction, l’arrêt des sablières qui modifiaient les écoulements des eaux et un entretien régulier et soigné des rivières, ont largement contribué à sa bonne tenue actuelle. Reste quand même une certaine insécurité lors des croisements de véhicules, sur un axe désormais très fréquenté.    

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