DU FOND DES ESPELUQUES

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Histoire des conseils municipaux dionsois (7)

Publié par Espéluques sur 15 Mars 2015, 17:30pm

7) Dions de 1813 à 1826

 

 

En 1813 c’est Jean Charles Trinquelague qui prend les rênes de la commune avec St Martin comme adjoint. Le conseil est inchangé à l’exception du départ de Louis Martin.

Le dossier Frégérolles tourne au vaudeville. Les biens communaux qu’il avait acquis le 11 thermidor de l’an IV moyennant une somme de 4 540 francs, puis qu’il avait restitués en 1811 pour 3 311 francs, avaient été vendus par la commune sans autorisation préfectorale. Tous ces actes de vente ou de rachat sont donc nuls et non avenus. Les deux parties décident de procéder à un échange amiable. Frégérolles reprend la maison curiale et les terres et jardins attenants, les mêmes que la commune voulait récupérer deux ans plus tôt, et versera une soulte de 4 126 francs à la mairie. Incompréhensible !

 

 

Accord amiable avec Frégérolles

 

 

Les guerres napoléoniennes, les Cent Jours, la Restauration, ont dégradé le fonctionnement des administrations. Les tensions politiques sont vives entre républicains, monarchistes et bonapartistes.

Il y a encore des lacunes dans les registres et il faut passer à 1816 pour un énième changement de conseil municipal. Paul Bérard s’attelle à la gestion de la commune, secondé par Jean Bigourdan.

Les chemins vicinaux restent la principale préoccupation des édiles dionsois. Pour cette année ils y consacrent 455 journées d’homme et 175 jours de charrette. C’est un élu, Antoine Euzéby, qui sera chargé de surveiller les travaux, moyennant tout de même une indemnité de 3 francs par jour, le double des travailleurs ! Il n’y a pas de petit profit.

En 1817, Dumazert prend la place d’adjoint, le budget est essentiellement tourné vers les chemins, les salaires des garde, curé et pasteur, la fabrique et la garde nationale.

Le baron de Chabaud-Latour, nîmois et dernier en date d’une lignée de militaires de haut rang, attaque en justice la mairie de Dions pour récupérer des droits de paissance suite à son achat de pâturages dans le cadre de la vente de biens nationaux et communaux. Et ce n’est pas le seul problème avec ces ventes de biens communaux. Les procès, les contestations, les réclamations sont légion. Même les habitants s’y mettent et contestent la vente à Abraham Béchard de la maison du chapelain, qu’ils estiment ne pas faire partie des biens nationaux. Tous ces biens repris à la Révolution aux seigneurs de Dions, clergé et noblesse réunis, ont été vendus à cinq personnes seulement : Le baron de Chabaud-Latour, Frégérolles, Trinquelague, Abraham Béchard, et Louis Joyeux, négociant à Nîmes. Il semble par ailleurs que Béchard et Joyeux achetaient en sous-main pour le compte de Trinquelague.

 

La vente de biens communaux est permise par la loi du 10 juin 1793. On juge alors que de nombreuses terres laissées à l’abandon seront mieux exploitées par des propriétaires individuels. C’est pour l’essentiel la bourgeoisie, protestante dans le cas de Dions, et la petite noblesse catholique revenue sur le devant de la scène avec l’avènement de l’Empire, qui achètera ces biens. En dépit de quelques déclarations d’intentions, il ne s’agit pas d’une redistribution destinée aux pauvres. Ce sont même eux qui vont en faire les frais malgré le partage de 1807. Ils sont en effet le plus souvent titulaires de droits de pâture qui vont être remis en question par les nouveaux acquéreurs. Quant à l’économie nationale elle en profitera peu, les nouveaux propriétaires, le plus souvent pressés de récupérer leur mise de départ et de jouir du produit d’achats faits à bon compte, ont très rapidement épuisé les fonds en vendant sans replanter tous les bois, jusque dans certains cas, les clôtures et les arbres fruitiers.

 

Malgré les nombreux manques dans les registres de délibérations qui marquent cette décennie, on constate à Dions une curieuse valse des gardes-champêtres. En 1816 Antoine Euzéby, qui occupe les fonctions d’élu, de garde et de surveillant de travaux, et qui s’occupe plus de ses affaires personnelles que de son travail, est remplacé par Pierre Brousson. Deux ans plus tard on estime qu’il ne fait pas l’affaire et on nomme à sa place Jean Vidal, un militaire nîmois retraité, « couvert d’honorables blessures, de fort bonne vie et mœurs ». En 1820, c’est Moustet qui a entretemps remplacé Vidal, qui est débarqué au profit de qui ? … Antoine Euzéby ! Qui sera à nouveau écarté en 1825 au profit de Pierre Roudil.

Revenons à 1818 pour constater que Jacques Amalric a été nommé maire.

Les documents suivants nous amènent en 1822. La commune a un budget en déficit. Les dépenses incompressibles sont de 14 717 francs, et les recettes, essentiellement les centimes additionnels et l’adjudication des feuilles de mûriers, sont de 784 francs. Une imposition exceptionnelle est décidée dans l’urgence.

Dans la foulée, on fait une dépense supplémentaire de 138 francs pour rembourser au desservant de l’église des travaux au presbytère, travaux indispensables et urgents qu’il a payé de ses propres deniers.

On ne retrouve aucune délibération pour les années 1824 et 1825. On sait par d’autres sources que cette période est celle de la construction du temple. Sur un terrain acheté en 1817, un devis de travaux a été accepté en 1821 pour un montant de 8 970 francs, et a reçu un avis favorable du conseil des bâtiments civils, une structure créée en 1795 et consacrée à l’édification des temples. Le lieu de culte sera payé intégralement par le Consistoire à l’exception d’une subvention préfectorale de 1 000 francs. Sa consécration aura lieu en mai 1824 devant plus de 3000 personnes (les protestants de Dions sont encore plus forts que les marseillais !).

Nous allons ensuite directement en 1826 avec les habituelles adjudications pour le four communal et la garde du bétail aratoire. Un nouvel arrêté relatif à l’état des bois et forêts est adopté. Il est interdit de couper du buis en dehors de la période qui va du 15 août au 15 février, interdit d’en vendre aux communes voisines, et interdit de couper du bois au-delà de sa consommation personnelle.

Délibération de 1826 quant au montant des taxes

Le conseil municipal attire l’attention du préfet sur le montant des taxes à Dions. Le total des taxes foncières est de 371 francs, celui des taxes mobilières de 530 francs, ce qui leur semble exorbitant pour une commune aussi petite et aussi pauvre que Dions. D'autres communes du canton plus riches arrivent à peine au quart de ces sommes. Le conseil rappelle que la principale activité de Dions, la bourre de soie, est en perte de vitesse au profit de Nîmes et qu’il n’y a "pas de bourgeois à Dions", mention qui sera rayée et remplacée par "seulement quelques cultivateurs et métiers à tisser".

1826 s’achève sur une demande de secours financier pour la construction d’un puits.

 

 

Prochain épisode : Dions de 1827 à 1832

 

 

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