DU FOND DES ESPELUQUES

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Bienvenue sur ce blog consacré à Dions, village gardois de caractère


Les seigneurs de Dions (première partie)

Publié par Espéluques sur 13 Novembre 2014, 09:13am

Au Moyen Age le monde rural représente la quasi totalité de la population française, et l’essentiel de l’activité est lié à l’agriculture.

 

Villages et hameaux s’organisent et se structurent autour des églises paroissiales. Les campagnes connaissent un réel essor, tant du point de vue démographique que du point de vue économique. Les populations villageoises sont doublement encadrées : par l'Église dans le cadre paroissial et par le seigneur dans le cadre du système féodal.

 

Pour autant le seigneur villageois n’exerce pas nécessairement la souveraineté. La seigneurie est le plus souvent un ensemble de terres, de droits et de redevances, héritière spirituelle et parfois matérielle de la villa gallo-romaine. De plus au gré des héritages et des cessions, les petites seigneuries de village se sont rapidement émiettées.

La possession d’une seigneurie n’est pas réservée à la noblesse. Elle peut aussi revenir à une institution ecclésiastique ou à un ordre militaire. Ainsi à Dions, la détention de la seigneurie a été très tôt partagée entre les évêques d'Uzès, les seigneurs de la même ville, l’ordre des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem (Ordre de Malte), et des familles de plus ou moins grande noblesse, voire de pas de noblesse du tout. Les évêques d'Uzès, qui exercent aussi un pouvoir temporel, sont seigneurs d’un grand nombre de domaines dont Dions, depuis au moins le Vème siècle. Ils ont agrandi leurs parts en 1215 en dépouillant les comtes de Toulouse, puis par acquisition de la part des Sabran.

Cet effritement de la seigneurie dionsoise, le jeu des alliances et des successions,  expliquent que les co-

 

seigneurs, souvent au nombre de quatre, n’ont presque jamais habité Dions.

Quelques uns, peu nombreux au regard des siècles qui ont vu perdurer le régime seigneurial, ont laissé des traces dans les archives :

 

 

 

Bermond 1er d’Uzès (1144)

 

Il fait hommage en 1144 à l’évêque Ebrard 1er de tout ce qu’il possède à Uzès, Dions, St Quentin, Pougnadoresse, Bouquet, Aigaliers, St Maximin, St Privat, St Médiers et Vallabrix.

 

L’hommage ne consiste pas à céder ses biens, mais établit une relation de vassalité entre deux individus, deux familles ou deux institutions. Le seigneur, le suzerain, celui qui est « supérieur », dispose de prérogatives importantes sur les biens de son vassal, y compris celle de confiscation. Il reçoit une redevance en argent et assure la protection de son vassal, ainsi qu’une jouissance paisible et rémunératrice de ses possessions.

L’hommage est une cérémonie publique au déroulement très formalisé. Tout d’abord le vassal jure fidélité et le seigneur prend ses mains dans les siennes, c’est l’immixtio manuum. Puis ils se font le baiser de paix, l’osculum, avant de se jurer loyauté mutuelle sur la Bible. Ensuite le seigneur donne au vassal un objet qui représente le fief (terre, bâton, gant, anneau d’or, …).

 

Rainon 1er du Caylar et Béatrix d’Uzès (1145)

 

Béatrix d’Uzès avait épousé Rainon 1er du Caylar et lui avait apporté en dot le quart de la seigneurie d’Uzès. Ils font eux-aussi hommage au même évêque de leurs biens à Dions, St Quentin, Bouquet, Vallabrix et Jalong.

 

 

Pierre-Raymond de Dions, chevalier des Arènes (1163)

 

C’est vraisemblablement au VIème siècle que les arènes de Nîmes furent transformées en forteresse par les Wisigoths. Une partie de la population était alors composée de chevaliers, chargés de leur défense. Ces chevaliers étaient 39 cette année-là. Ils venaient de se soumettre à l’autorité du jeune Bernard-Aton VI, et le 1 juin 1163, prêtèrent serment de fidélité à Raymond V, comte de Toulouse et suzerain de Bernard-Aton. Parmi les signataires, certains étaient de première noblesse et possédaient les principaux fiefs autour de Nîmes, tels Pierre-Raymond de Dions, Guillaume de La Calmette, Guillaume de Collias, Pons de Vézénobres, …

Pierre de Dions (entre 1207 et 1221)

 

Le nom de ce seigneur est connu par des causes plaidées et jugées par la cour des consuls de Nîmes entre 1207 et 1221. Une déposition de Guillaume Ami constatant qu’un fils de Vilhelmot, surpris à Adan (mas d’Argens) et prisonnier au château des Arènes, s’est racheté sous la caution de Pierre de Dions, qui doit donner pour ledit rachat les armes du prisonnier ou 70 sous. Le dit Pierre de Dions a déjà remis un bouclier et 3 ou 4 deniers pour la selle. Un jugement suit, et Pierre de Dions s'engage à payer au comte d'Alvéria une selle garnie et un bouclier pour un certain Rostaing, surpris et arrêté sur les terres du dit comte. Enfin une plainte qu'il avait déposée contre un certain Damizon pour lui réclamer le prix d'un mulet qu'il lui aurait loué, est rejetée par les consuls.

 

 

Raymond II, évêque d’Uzès (1211)

 

Le roi Philippe II « Auguste » concède à perpétuité à l’évêque d’Uzès Raymond II la ville d’Uzès, le château de Collias et les villages de St Privat et Dions.

 

 

Pons de Bermond du Cayla et Guillaume de Martorel (1242)

 

Pons de Bermond du Cayla, fils de Pons de Bermond, a acquis de Raymond III, évêque d’Uzès,  la huitième partie de la seigneurie d’Uzès. Cette seigneurie avait été confirmée par  Louis VIII à l’évêque en 1226 et la donation acceptée par son fils Louis IX dit St Louis. La vente a été ratifiée par Philippe de Masmolène, épouse de Raymond III !

Guillaume dit « Martorel »  était le frère de Pons de Bermond du Cayla.

Ces seigneurs d’Uzès étaient de la maison de Sabran.

 

Raymond de Vézénobres (1260)

 

Il se serait joint aux deux précédents en faisant hommage pour la moitié de la seigneurie.

 

Eléazar III de Sabran et sa mère Ermessinde (1260)

 

Eléazar III et sa mère Ermessinde, veuve de Guillaume III de mal-Tortel, font hommage le 12 juillet 1260 à l’évêque Pons de Becmil de leurs possessions à Dions, Bouquet, Pougnadoresse, Vers, St Médiers, … et au total dans une cinquantaine de villages.

 

 

 

Raymond de Dions (1266)

 

Son nom nous est parvenu à travers une bulle du pape Clément IV, qui était né à St Gilles, et annonçant l’envoi d’un sceau d’argent pour le monastère de sa ville de naissance. Dans cette bulle, écrite en latin, Raymond de Dions est qualifié de camérier. Cette charge n’était probablement pas comme aujourd’hui celle d’un officier de la chambre du Pape, mais plus probablement celle d’un moine de haut rang chargé d’administrer les biens d’un monastère. Peu de chances en tout cas que ce Raymond de Dions ait vécu dans notre village.

 

 

Pierre Bermond de Montaren (1267)

 

Une reconnaissance datée du 15 juin 1267, signée chez Pons Mathieu, notaire royal, stipule que Pierre Bermond de Montaren (de Monte-Arenc) reconnaît à Bertrand, évêque d’Uzès, la moitié en indivis de ses propriétés au château et au territoire de Dions, sa maison étant dans le dit-lieu, et tout ce qu’il possède au mas de Nicolas et au mas de Granier du terroir de Dions.

 

 

Pierre Bermond de Montaren et Mathieu de Souvignargues (1274)

 

Un document d’aout 1274 signé Pierre Jodin, contient que Pierre Bermond et Mathieu de Souvignargues, en leur nom et pour leurs parts sur le château de Dions, qu’ils tiennent de l’évêque et du seigneur d’Uzés Bermond III, rendent leurs parts aux deux derniers en tant que plus grands seigneurs du dit château.

Bermond III cède rapidement ses parts à Paul de St Privat (du château de St Privat, dans les gorges du Gardon quelques centaines de mètres en amont du Pont du Gard).

Guillaume de Dions (avant 1292)

 

Dans le chartrier d'Uzès, conservé aux Archives nationales, on trouve une reconnaissance féodale datée du 11 mars 1292, faîte à Bermond d'Uzès et d'Aimargues, par Bermonde, fille de Guillaume de Dions, épouse d'Etienne d'Arbeyre, seigneur en partie de Montaren.

 

 

Paul de St Privat (après 1274) en indivis avec Pierre de Dions, écuyer, Pierre Raymond (1322, 1343)

 

     

    Un parchemin du 17 mai 1322 précise que Pierre de Dions, écuyer, reconnaît tenir de Guillaume de Mandagout, évêque d’Uzès le quart de toute la juridiction et du château de Dions, en indivis avec Girarde, femme de Paul de St Privat, fils d’Armengaud de St Privat, Pierre Raymond, écuyer, et autres coseigneurs. La même reconnaissance est faite le même jour par Pierre de Dions et par Girarde de St Privat.

    Un document du 5 octobre 1343, signé Jacques de Ripis, notaire, indique que Pierre de Dions tient la quarte partie de la ville et du château de Dions, en indivis avec les autres coseigneurs, qu’il possède aussi une maison confrontée au château et les mas de Nicolas et de Gautier (Granier ?). Une même reconnaissance datée du 5 avril 1344 est signée par Paul de St Privat.

     

     

    Pierre de Dions fils (1408, 1417)

     

    Le 18 février 1408, chez Jean de la Combe, notaire, Pierre de Dions, fils du précédent, reconnaît à genoux devant Géraud de Breuil, évêque d’Uzès, la possession de la quarte partie du château et de la ville de Dions, des mas de Nicolas et de la Gautière. Le 25 octobre 1417 chez Bernard Devillas notaire à Sauve, Pierre de Dions signe une obligation dans laquelle il reconnait être débiteur auprès de Claude de Vabres et sa mère Marie, ainsi que de Hugons de Vézénobres.

     

     

    Jacques de Dions (1477)

     

    Connu par une transaction du 6 mai 1477 entre lui et Jacques Bonnaud de Sauzet.

     

     

    Louis Dupont (1498, 1502), Jacques Azémar (1506, 1510, 1512)

     

    Le 7 mai 1502, devant Jean Aruif, notaire de Sauve, une procuration est faite par  noble Jacques Azémar (qui se feront ensuite appeler d'Adhémar), habitant de Dions, avec licence de noble Louis Dupont, seigneur de Dions, son beau-frère, et de Pierre de Blauzac, coseigneur de Claret, aux avocats et notaires de Sauve pour traiter de leurs affaires à Pompignan. Louis Dupont était déjà connu dans un contrat de mariage du 12 août 1498, mariage pour lequel il était témoin.

    Ces Azémar ont depuis la création de leur verrerie en 1430 au mas de Sueilhes entre Hortus et Pic St Loup,  d’abord essaimé à Assas, Valflaunès et Pompignan, avant de créer des verreries dans toutes les garrigues du Gard et de l’Hérault.

    Artaude Dupont, fille de Louis et de Françoise de Maubuisson de Ribaute, a épousé Jacques Azémar, qui exploite une verrerie au mas d’Argelas à La Calmette. Les Azémar continueront à garder leur part dans la seigneurie de Dions. On retrouve le couple Azémar/Dupont dans d’autres actes passés entre 1506 et 1512 chez André de Claris notaire à Sauve, ou Antoine Martin notaire à Nîmes, pour des échanges de biens communs à Pompignan, avec Raymond d’Assas, seigneur de Caylon à St Marcel de Fontfouillouse. Il est fait mention vers 1600 d’un Thibaud d’Adhémar, qui avec ses 15 enfants, s’est retiré à la jasse d'Ayrolles.

     

    Jacques 1er de Crussol (1503), et Charles de Crussol, vicomtes (1528)

     

    Ils sont co-seigneurs de Dions (par alliance) comme tous les seigneurs d'Uzès depuis plusieurs siècles, mais ce sont les seuls dont les noms sont cités dans des documents relatifs à notre commune. Originaire du Vivarais, Jacques est marié à Simone d'Uzès qui lui a apporté en dot la vicomté d’Uzès.

     

    Charles, son fils et 9ème vicomte, fait hommage au roi à Paris le 14 juin 1528, entre les mains du cardinal de Sens, chancelier de France. Charles de Crussol, vicomte d’Uzès, sénéchal de Beaucaire, grand panetier de France, en plus de sa vicomté, possède la baronnie d'Aimargues et des terres et seigneuries à Broussan, Bellegarde, Saze, Sernhac, Remoulins, St Bonnet, St Privat, Vers, Collias, Blauzac, Arpaillargues, Montaren, Dions, Aigaliers, Belvezet, Pougnadoresse, Pouzilhac, Masmolène, St Quentin et La Bruguière.

     

     

     
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