DU FOND DES ESPELUQUES

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Histoire des conseils municipaux dionsois (45)

Publié par Espéluques sur 2 Août 2017, 08:11am

 

En guise de conclusion

 

En 30 mois et 43 articles, nous aurons parcouru ensemble le travail de tous les conseils municipaux qui depuis 1792 ont géré, réparé, entretenu et modernisé notre village. Durant ces deux derniers siècles la France a beaucoup changé et la vie des français a été bouleversée. Comment et dans quelle mesure nos élus dionsois ont-ils répondu à l’évolution des techniques et à celle du mode de vie des habitants ?

Histoire des conseils municipaux dionsois (45)

1/ De 1792 à 1880, les acquis de la Révolution

Sur le plan politique c’est en effet une révolution. Le Roi et l’église ont perdu leur pouvoir absolu. C’est désormais l’Assemblée, émanation du peuple, qui vote les lois. Tous les hommes sont libres et égaux, tous payent l’impôt, industrie et commerce sont libéralisés, les systèmes de mesure sont unifiés. Départements et communes sont créés, gérés pour ce qui est des affaires locales par des acteurs locaux. Enfin sur le papier …

Parce que chez nous, ailleurs et partout en France, ne peuvent participer à la vie politique, que ce soit comme élu ou comme électeur, que les hommes. Et que les hommes qui payent un impôt sur le revenu ! L’éducation reste réservée à une élite, les riches sont toujours nés riches et les pauvres nés pauvres, les famines et les maladies n’ont pas disparu.

Et nos conseils municipaux dionsois me direz-vous ? Eh bien comme tous leurs voisins ils ont se sont contentés d’endosser les habits des anciens conseils paroissiaux. Sauf que désormais les catholiques doivent partager leur pouvoir avec les protestants. Et puisqu’il faut être imposable pour participer, pendant des décennies ce seront toujours les mêmes familles qui géreront les affaires de la commune.

Sur le plan pratique, comme les conseillers paroissiaux, nos conseillers municipaux se préoccupent uniquement de réparer les dégâts des nombreuses crues du Gardon, de refaire les chemins, de lancer les appels d’offres pour les feuilles de mûrier, la pâture des animaux, la cuisson du pain ou le curage des sources. Et bien entendu de ne pas trop augmenter leurs impôts. Pour aider les plus démunis on remplace la « fabrique » catholique par un bureau de bienfaisance laïque, avec les mêmes prérogatives, le même mode de fonctionnement, et la même cagnotte. Les plus riches ont pu racheter à vil prix les anciennes possessions seigneuriales ou ecclésiastiques, et dans sa grande générosité nos conseillers dionsois ont choisi d’offrir gracieusement et équitablement à chaque famille des terres devenues municipales. Un cadeau que nos aïeux ont du rembourser en espèces sonnantes et trébuchantes après que l’État ait décrété que cette offre était illégale.

Quant aux équipements communautaires, aux investissements qui profitent à tous, nada ! En près de neuf décennies, on a arrangé la place de la mairie, remplacé les mûriers de Braune par des platanes, et décidé de construire … une église !

 

2/ De 1880 à 1980, un siècle de modernisation

A partir des années 1880 on change enfin d’époque. La gestion moyenâgeuse des affaires paroissiales laisse la place à une approche plus moderne du rôle de la commune. Ça fait alors près d’une trentaine d’années que le suffrage universel réservé aux hommes est en place, et les conseils municipaux dionsois se sont ouverts à d’autres familles, à d’autres idées et à d’autres préoccupations. L’école est désormais obligatoire et la plupart des habitants sait lire et écrire. Les idées de Pasteur concernant le rôle des microbes dans les épidémies et l’intérêt de l’hygiène dans leur apparition ont pénétré les esprits jusque dans nos campagnes. Les constructions hors du Fort se multiplient et à l’exemple du baron Haussmann à Paris, et à la mesure du village bien sûr, nos élus sont convaincus de la nécessité de faire évoluer Dions.

Leur premier travail, c’est en 1885 et c’est une obligation nationale, est de construire un nouveau cimetière à l’écart des habitations, et de supprimer celui existant depuis des temps immémoriaux contre l’église. Trois ans plus tard, on a capté une source au Bruel et amené l’eau potable jusqu’aux aires de Braune. L’année suivante des lavoirs sont rajoutés. Les puits, la plupart contaminé, sont comblés, les tas de fumier interdits dans le village. Entre-temps, à l’initiative du département, mais après des demandes fortes et renouvelées des dionsois, un pont a été construit sur le Gardon et les relations de Dions avec Uzès s’en trouvent facilitées et accélérées. Le siècle se termine sur un éclairage public au gaz.

Le besoin de trouver un point d’eau potable au plus près de son usage est primordial pour enfin pouvoir boire, cuisiner et se laver convenablement. Ce sera le chantier des années 1900. Un réservoir est construit et des fontaines disposées dans chaque quartier. Parallèlement les dionsois qui le désirent, et qui le peuvent, sont alimentés en eau jusque dans leur domicile. Il faudra quand même une cinquantaine d’années pour que toutes les maisons soient concernées par ce confort de base qu’est l’eau au robinet.

Après l’eau, c’est au tour de l’électricité d’apparaître comme un besoin irrépressible. En 1922 elle éclaire, chichement, nos rues. A partir de 1938 c’est dans les demeures qu’elle entre enfin. Oh uniquement pour l’éclairage pour l’instant, et avec des ampoules de 25 watts.

Le téléphone est un autre des services que nous considérons aujourd’hui comme indispensable. Les mairies ne sont pour rien dans son installation, mais en 1935 une cabine publique a été demandée et mise en service.

L’étape suivante de la modernisation du village c’est le goudronnage des rues, et il faudra attendre 1949. Quelques autres réalisations suivront pour améliorer la vie des dionsois et coller au train de l’évolution des techniques et des modes de vie : les bains publics, une école moderne, et surtout un assainissement collectif.

 

3/ De 1980 à aujourd’hui, la gestion des affaires courantes

Depuis 1980 c’est à une considérable accélération des offres, des moyens et des mœurs que nous sommes confrontés. Les soins, les transports, la voiture, le supermarché, les voyages, le chèque ou la carte bancaire, le téléphone fixe et le portable, la télévision, internet et l’informatique, c’est une véritable révolution technologique et sociétale qui s’est imposée à tous. Et dans toutes ces nouvelles facilités mises à notre disposition, les municipalités n’ont joué aucun rôle. Les nouveaux développements sont soit le fait de niveaux administratifs supérieurs au nôtre, soit dépendent d’entreprises privées ou du bon vouloir de l’usager lui-même. Les conseils municipaux sont condamnés à une certaine forme de suivisme. Il leur revient de remplacer ou de réparer les équipements vétustes, de nettoyer, de remettre en état les rues et chemins, d’embellir leur commune et de gérer les affaires courantes. Mais leur travail de locomotive de la modernisation est définitivement révolu.

 

4/ Et demain ?

Soyons clairs, les conseils municipaux, en tout cas ceux des plus petites communes et sous leur forme actuelle, ont de fortes chances d’avoir disparu d’ici quelques années. Depuis 1992 l’Etat a incité les communes à se regrouper en communautés de communes ou en communautés d’agglomérations. D’autres lois en 1999, 2002, 2010 et 2015 ont rendu ce régime obligatoire et ont considérablement renforcé les compétences de ces regroupements. Dions a ainsi rejoint Nîmes en 2009. Depuis nous avons perdu la gestion de l’eau, de l’assainissement, de l’enlèvement et du traitement des ordures ménagères, des transports, de la culture, du développement économique, et demain l’urbanisme va nous échapper. L’agglo nous offre aussi un panel de services que nous utilisons bien volontiers : aide juridique, services téléphoniques et informatiques, achats groupés, … En matière d’impôt, nous avons déjà perdu une partie des taxes foncières et immobilières, la totalité de la taxe professionnelle, et bientôt la quasi-intégralité de la taxe d’habitation. Pour des raisons de taille, nous sommes aussi parfois obligé de nous regrouper à travers des SIVOM pour gérer les crèches, les centres aérés, peut-être ensuite le nettoyage des rues. Que reste-t-il à nos conseils municipaux ? : l’école primaire, la voirie et le personnel communal. Des compétences que faute de moyens nous avons bien du mal à assumer et dont on voit mal comment demain ou après-demain elles pourraient être encore gérées en toute autonomie.

Alors oui l’avenir de nos conseils municipaux est fortement compromis. Un regroupement politique de toutes les communes de notre agglo sous la bannière de Nîmes-métropole semble inéluctable, et nous risquons de n’être plus représentés et entendus que par un maire délégué ou un quelconque conseiller communautaire.

Mais rassurons-nous ! Dions, que ce soit comme paroisse, comme commune, ou comme quartier, a été et sera toujours Dions.

 

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