DU FOND DES ESPELUQUES

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L'eau potable à Dions

Publié par Espéluques sur 19 Juin 2014, 08:27am

Catégories : #Dions eau potable sources puits

 

Depuis l’apparition de l’homme ses déplacements, ses implantations, ont été conditionnés par la présence d’un point d’eau. La sédentarisation, l’apparition des premières communautés villageoises, sont liées à la proximité d’une source ou d’un cours d’eau. Dions, malgré une exposition défavorable, un plateau caillouteux et sec, une plaine fréquemment inondée, a pu tirer parti d’une position défensive avantageuse et de terres limoneuses fertiles, grâce à la présence du Gardon directement au pied des maisons.

Pour autant il est aussi nécessaire de disposer de ressources en eau ailleurs qu’au domicile, c'est-à-dire dans les jardins, les champs ou les bergeries. Si la récupération des eaux de pluies dans des citernes naturelles ou construites était systématique, les quelques sources disponibles, même au débit fort limité, ont été soigneusement et régulièrement entretenues. A Dions, dans les années 1800, ce travail de curage et de nettoyage était dévolu par adjudication. La commune considérait sept sources comme primordiales pour le bien commun : Le Pontel, Fougéras, Font Chabert, Fontaine des Mourgues, Grousen, Brot et le Gour de la Crespine.

Quelques sources dionsoises

Quelques sources dionsoises

 

Dans le même temps, le souhait de s’éviter de monter l’eau à dos d’homme, (ou de femme !), depuis le bas du village, et l’assèchement du Gardon en été, ont conduit à construire des puits. Alimentés par quelques maigres filets d’eau souterraine, par condensation ou par les eaux de pluie, ils permettaient de disposer de quelques réserves à proximité immédiate des foyers. Il y en avait six à Dions, certains probablement creusés depuis plusieurs siècles, le dernier excavé et bâti en 1868 : puits Vieux, puits Neuf, puits de Fantaisie, puits du Crousillon, puits du Hasard et puits des Fontaines, le plus récent. Hélas, faute de la moindre notion d’hygiène, à cause des déjections humaines et animales jetées directement dans la rue, ces puits étaient pollués et les épidémies, de choléra le plus souvent, fréquentes et mortelles. Il a fallu attendre 1880 et Pasteur pour que soit enfin reconnu les risques sur la santé des micro-organismes pathogènes.

La commune se préoccupe désormais de trouver un approvisionnement en eau de bonne qualité. Aucune source sur le Grès n’est en capacité d’approvisionner le village par gravité. En 1884 Dions se décide donc à capter une source au Devois, à la limite avec La Calmette, qui sourd 1 à 2 mètres plus haut que les Aires de Braune. Des travaux d’adduction sont rapidement engagés, et malgré quelques difficultés techniques et administratives liées à la longueur des canalisations, à la faible pente et au peu de fiabilité du géomètre, une eau de bonne qualité arrive enfin au village en décembre 1886. Le point d’arrivée est la petite fontaine aujourd’hui abandonnée immédiatement en amont des anciens lavoirs. Bien qu’il faille à nouveau remonter manuellement l’eau jusqu’aux maisons, et pour éviter de nouvelles épidémies, la mairie fait boucher tous les puits. Mais il reste encore des puits particuliers !

Ce système de fontaine unique au bas du village va perdurer de nombreuses années, avec de nombreux soucis de canalisations et de nombreuses ruptures d’approvisionnement liées aux inondations qui détériorent l’aqueduc. Pour limiter les transports d’eau, en 1898 des lavoirs sont construits à côté de la fontaine publique.

 

Plan de la fontaine publique et des lavoirs

Plan de la fontaine publique et des lavoirs

 

En 1906 la mairie commence à envisager, à partir d’une citerne qui serait construite aux Aires de Braune, de pomper l’eau jusqu’à des fontaines dans le village, au plus près des habitants. Des pompes éoliennes sont d’abord choisies, puis le conseil municipal s’oriente sur une motopompe, qui leur semble plus puissante et plus fiable. Les travaux sont engagés, la pompe des Aires de Braune est mise en place, un réservoir construit et les canalisations d’amenée d’eau posées. A la demande de Trinquelagues, la mairie autorise les particuliers à se brancher sur la canalisation qui alimente le réservoir, à condition de payer le compteur, le branchement et de s’acquitter d’un prix de 30 cts par m³ d’eau. Enfin le 28 décembre 1908 les dionsois ont à leur disposition plusieurs fontaines publiques, et s’ils le peuvent un accès à l’eau potable directement au foyer familial.

L'eau potable à Dions

 

Les agriculteurs ne sont pas oubliés, et en 1911, une nouvelle fontaine est posée au chemin du Bruel pour les sulfatages.

 La source du Devois continue vaille que vaille à alimenter Dions, sauf quand les crues et l'érosion des berges détériorent les tuyauteries. C’est tout particulièrement le cas en septembre 1921, où la canalisation est emportée. On envisage, à partir du Bruel, de déplacer la tuyauterie plus à l'ouest pour s'éloigner du Gardon. Cette solution ne sera pas retenue. La pompe de Braune puisera l’eau directement dans le Gardon pendant près de 2 ans, jusqu’à l’été 1923, en attendant la réfection de la conduite. On en a profité pour remplacer la pompe à moteur par une pompe électrique et lui construire un abri. Nouveau coup dur dès la remise en service, la source, affectée par une sècheresse particulièrement sévère, se tarit. Dans l’urgence une pompe à essence est louée pour remonter l’eau directement au captage du Devois.

Les années passent et la plupart des dionsois continue de puiser l’eau aux fontaines. Il n’y a que 18 compteurs particuliers installés en 1933 et 24 seulement avant la deuxième guerre mondiale.

En 1945 la canalisation qui amène les eaux de la source jusqu’au village est hors d’usage et les fuites trop nombreuses. Elle est remplacée. Même si peu de dionsois sont branchés sur le réseau, la source donne des signes de fatigue. La mairie décide de freiner la consommation en augmentant le tarif et en appliquant une taxe sur l’arrosage des jardins.

C’est dans les années 50 que l’eau courante est enfin entrée dans la plupart des foyers.

En 1953, une sècheresse particulièrement sévère tarit la source et la commune doit approvisionner le réservoir par des camions-citernes. La source est creusée sur quelques mètres de profondeur, ce qui permettra en cas de baisse de niveau d’installer à nouveau une pompe pour remonter l’eau.

Le village s’agrandit, un nouveau réservoir plus en hauteur devient indispensable. Ce sera chose faite en 1965, en haut de la rue de la Batiraille. Les consommations d’eau s’envolent, et le problème de la source devient criant. Quelques essais de puits plus en aval sont tentés. En 1972, au lieu-dit Le Bruel, sur le point de pompage actuel, un forage à 6 mètres semble prometteur. Parallèlement un autre forage est pratiqué à la source du Devois, qui pourrait être utilisé en cas d’étiage sévère. Les exploitations de graviers perturbent gravement les nappes phréatiques et en 1979 un puits plus important est creusé sur la veine d'eau du Bruel. Une station de pompage est mise en place, un périmètre de protection installé autour du nouveau captage, et une installation de chloration veillera au bon état sanitaire de l’eau.

Ce puits du Bruel donne toute satisfaction, et la source du Devois est abandonnée. Pourtant en 1990, le puits montre des risques de tarissement. Un forage 100 mètres plus au sud est réalisé, son débit est suffisant. Mais mal protégé des contaminations en raison de la faible épaisseur de limon à cet endroit, il est équipé et raccordé mais ne sera utilisé qu’en cas de besoin.

Près de 25 ans plus tard cette configuration est toujours d’actualité, mais le risque de rupture d'approvisionnement en cas de sècheresse prolongée n'est pas écarté. Quelques dépassements ponctuels du taux admissible de nitrates ont été enregistrés mais semblent appartenir au passé. L’arrêt des sablières a stabilisé le niveau des nappes phréatiques. L'aléa inondation menace toujours le captage. Nîmes-métropole, qui est désormais en charge de l’eau et de l’assainissement en lieu et place de la commune, a prévu de sécuriser l’approvisionnement en eau en reliant les réseaux des communes de l’agglomération.

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