DU FOND DES ESPELUQUES

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Le bac de Dions

Publié par Espéluques sur 9 Juin 2014, 07:58am

Catégories : #Dions bac traversée Gardon

Le bac de Groslée auquel pouvait ressembler le bac de Dions

Le bac de Groslée auquel pouvait ressembler le bac de Dions

Depuis que l’homme a été fait homme, et depuis que la nature lui a donné l’envie irrépressible d’aller voir ailleurs si le soleil est plus chaud, l’herbe plus tendre et la terre plus généreuse, il lui a bien fallu franchir fleuves et rivières.

Il n’y a pas toujours eu de ponts, ne serait-ce que submersibles, ni Moïse pour écarter les eaux, et les passages à gué ou à la nage ont longtemps été la règle.

L’explosion des échanges commerciaux, les guerres aussi, la position sociale parfois, ont permis l’éclosion de solutions plus sûres, plus rapides et plus confortables.

Pour l’anecdote, il a existé des passeurs d’eau. Rien de très technique dans cette méthode, juste quelques villageois costauds qui, pantalons retroussés, en « gasant », amenaient sur l’autre rive quelque notable juché sur leurs épaules.

Les ponts existent depuis fort longtemps, flottants ou en bois le plus souvent. C’est ainsi avec ces ponts flottants, mais aussi à la nage et avec beaucoup de pertes, qu’Hannibal, en 218 avant JC, a traversé le Rhône avec soldats et éléphants, pour s’en aller conquérir Rome. Quelques dizaines d’années plus tard, les romains maîtriseront la technique des ponts en pierre. Près de chez nous le Pont du Gard, bien qu’il ne soit pas un pont routier, le pont Tibère de Sommières, celui d’Ambrussum, témoignent de leur savoir et de leurs compétences.

Sur le Gardon, en aval de Ners et jusqu’au confluent avec le Rhône, le plus ancien pont est le pont St Nicolas, daté du XIème siècle. Il faudra ensuite attendre 1844 pour qu’un nouveau pont soit construit à Moussac. Ils se multiplieront ensuite dans les dernières décennies des années 1800.

En attendant les dionsois doivent aller travailler leurs terres de l’autre coté du Gardon ou aller faire le marché à Uzès ou ailleurs. Si le passage à gué, rapide et gratuit, est le plus souvent utilisé, les périodes de hautes eaux, les charrettes, les diligences, imposent l’utilisation d’un bac. Chaque commune a le sien : Ste Anastasie, Dions, St Chaptes, Brignon, Boucoiran, Ners, …

 

Aucun document ne nous permet de retrouver la date des premiers bacs dionsois. La plus ancienne référence connue est celle de l’exploitation d’un bac par Pierre Gleyze en 1798. Avant la Révolution, les seigneurs avaient profité du désordre féodal pour usurper quelques droits régaliens, et parmi eux les péages sur les traversées de rivières. Dès le 15 mars 1790 ces péages ont été supprimés. Mais l’Etat s’est rapidement rendu compte qu’il ne pouvait se passer de cette source de revenus et, par un décret du 30 floréal de l’an X, a créé un octroi de navigation qui a ouvert la porte à la gestion départementale des bacs, sous la forme de concessions.

L’embarcadère de Dions était situé juste à la sortie du village, dès les dernières maisons, au pied des rochers de la Cabane. Le Gardon avait alors un cours un peu différent de celui d’aujourd’hui. Il venait affleurer le village au niveau des Aires de Braune. Le cours principal était franchi par le bac, une petite branche secondaire et le Bourdic par des passerelles mobiles ou une barque.

Le bac dionsois était du type « bac à traille ». Un câble, la traille, était tendu entre les deux rives du Gardon. La rivière n’étant pas navigable, la traille trainait sur le fond quand elle n’était pas utilisée. Quelques tours de cabestan suffisaient pour la hisser hors d’eau lors des passages. Le bac coulissait le long du câble principal par l’intermédiaire d’une bobine ou d’un crochet de bois fixé sur son rebord, et l’avancée se faisait à la perche, ou à l’aide un gouvernail si le courant était suffisant.

Le cahier des charges relatif à l’affermage du bac en 1865, et le descriptif joint, nous permettent de nous faire une idée très précise du bac dionsois.

Il s’agit d’une embarcation en médiocre état longue de 8.20 mètres et large de 2.60 mètres. La traille, c'est-à-dire le câble sur le Gardon, mesure 93.80 mètres. Elle est en jonc d’Espagne et son diamètre est de 7 cm. Pas de corde de chanvre ni de métal, mais bien du jonc d’Espagne, plus connu sous le nom de genêt, qui était roui et filé pour être transformé en cordages ! Dans la liste du matériel, on trouve aussi une traille plus courte (48.40 m), deux embarcadères, quelques passerelles portatives, une perche ferrée, …

Ce bac pouvait emporter 15 personnes batelier compris, ou 3 gros animaux (chevaux, bœufs,…). Les batelets utilisés sur le Bourdic étaient limités à 7 individus.

Nous connaissons quelques-uns des bateliers qui se sont succédés à la perche : Pierre Gleyze en 1798, François Gleyze en 1813, Pierre Auger en 1831, Antoine Daras en 1832, Pierre Auger en 1834, Joseph David avant 1849, Jacques Pralong en 1852, 1860, 1865 (en 1860 la préfecture lui accordera une récompense de 15 francs pour avoir sauvé plusieurs personnes en détresse dans le Gardon), Pierre Jacques en 1873, Edouard Brousson en 1881, Pierre Granier en 1885 et 1886, Louis Serron en 1889.

Le droit de passage, parfaitement règlementé, est lié aussi bien aux individus et aux animaux, qu’aux marchandises et moyens de locomotion. Il est par exemple de 5 cts pour une personne chargée au maximum de 50 kg de bagages ou de produits. Au-delà un supplément s’applique à chaque tranche de 10 kg. Un cheval paye 10 cts, une brebis 3 cts, une voiture à deux roues 80 cts, 1.10 fr pour une voiture à quatre roues. Ce tarif est aussi modulé en fonction du motif de passage. Le passage des récoltes, celui des travailleurs ou des cultivateurs allant sur leurs terres, valent réduction. A contrario, les voitures de roulage telles que les diligences font l’objet de majorations. Le prix est doublé en période de hautes eaux.

Il y avait aussi quelques exemptions qui concernaient essentiellement des fonctionnaires (agents des Ponts et Chaussées, facteurs, Préfet, policiers, percepteurs, douaniers, gardes, …), mais aussi l’Armée, les pompiers, les curés et les pasteurs…

Le bac de Dions est resté en service jusqu’à la fin de 1887 qui verra l’ouverture du pont submersible. Un décret du 27 août 1888 met officiellement fin à ses fonctions, il est vendu aux enchères et acquis pour 45 francs par le sieur Amalric. Mais de grosses inondations du 27 au 30 septembre 1888 et les 1 et 2 janvier 1889, vont rendre le pont impraticable. Le 30 avril 1889 la commune demande officiellement à reprendre le bac et à l’exploiter pour son propre compte. La demande est acceptée et le service du bac reprendra pour quelques années encore. C’est en 1905 qu’il sera définitivement remisé.

Descriptif et estimatif du bac de Dions en 1865

Descriptif et estimatif du bac de Dions en 1865

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Reconnaissance envers le temps que vous consacrez à vos recherches et travail de rédaction pour Dions.<br /> Une page capable de suivre l'évolution de vos recherches en rangeant vos articles par époques rendrait votre travail plus notable par les lecteurs, surtout vos primeurs.<br /> _____________________________________________________________________________<br /> <br /> Je propose un petit article en commentaire au vôtre, qui pourrait intéresser ceux qui aimeraient essayer de manipuler des matières solides, pour par exemple assembler des bacs, barques, câbles, mécanismes ou autres constructions. <br /> <br /> L'article rédigé ci-après est tout simplement un résumé de ce qu'est un matériau superdur, les précautions à prendre et l'utilisation que l'on peut en avoir. L'article sera basé sur les informations que l'on peut trouver à cette adresse internet : <br /> <br /> http://fr.wikipedia.org/wiki/Matériau_superdur<br /> <br /> Un matériau est qualifié de superdur, ou d'ultradur, quand sa dureté Vickers dépasse 40 gigapascals. <br /> Cette dureté définit la capacité du matériau à s'opposer à la pénétration d'un corps dur. <br /> Cependant, la mesure de la dureté des matériaux ultradurs peut être particulièrement délicate si celle-ci approche voire dépasse la dureté du matériau du pénétrateur.<br /> C'est pour cela que le diamant est utilisé pour le test de Vickers car c'est la matière la plus dure connue à ce jour.<br /> <br /> La dureté est mesurée avec une pointe en diamant en appliquant une force et une durée d'appui normalisées. On mesure l'angle de l'empreinte laissée sur le matériau à tester auquel on applique une calcul compliqué avec des constantes, qui donne la valeur Vickers en gigapascals.<br /> <br /> Un matériau superdur est un solide très peu compressible, à forte densité électronique et présentant des liaisons chimiques fortement covalentes (Une liaison covalente est une liaison chimique dans laquelle chacun des atomes liés mettent en commun un électron d'une de ses couches externes afin de former un doublet d'électrons liant les deux atomes. C'est une des forces qui produit l'attraction mutuelle entre atomes.)<br /> <br /> En raison de leurs propriétés uniques, ces matériaux sont d'un grand intérêt pour beaucoup d'applications industrielles, dont les abrasifs, les outils de découpe et de polissage, ou les revêtements de protection.<br /> <br /> Autre caractéristique du diamant : Il possède à la fois une bonne conductivité thermique et une faible conductivité électrique.<br /> <br /> Il y a deux catégories de matériaus superdurs : les intrinsèques et les extrinsèques.<br /> <br /> Intrinsèque : C'est la composition chimique (association d'atomes) du matériau qui donne sa dureté.<br /> <br /> Extrinsèque : C'est leur microstructure (mêmes molécules, mais rangées différemment) qui modifie sa dureté.<br /> <br /> Le verre est un matériau très dur, mais moins dur que le diamant. Donc le diamant a la capacité de pénétrer le verre, c'est pourquoi il est facile de rayer et percer du verre avec des outils en diamant.<br /> Attention toutefois, l'acier est moins dur que le verre, il serait donc encore plus facile pour du diamant de découper de l'acier, mais le diamant est soluble dans le fer à haute température, donc tenter d'attaquer de l'acier avec du diamant aurait pour effet de meuler l'acier, mais produirait du carbure de fer et détériorerait le diamant.<br /> <br /> Une solution pour augmenter la dureté d'un matériau est de réduire le nombre de microfissures dans la structure grâce aux joints de grain (dureté extrinsèque donc). Cependant, la dureté moyenne d'un matériau décroit quand la taille de grain passe en dessous de 10 nm. Des mécanismes microscopiques de glissement des joints de grain ont été proposés pour expliquer cette tendance, mais les détails du phénomènes ne sont pas encore compris.<br /> <br /> Attention, un matériau dur est mécaniquement plus cassant qu'un matériau souple étant donné qu'il n'est pas fait pour la torsion.<br /> La fonte est plus dure que l'acier (elle contient davantage de carbone), c'est pourquoi elle casse plus facilement que l'acier.<br /> <br /> Conclusion :<br /> <br /> Pour scier du métal, on utilise du carbure de tungstène (dur, bonne résistante à l'usure et à la chaleur, obtenu par mélange de poudre de tungstène et poudre de carbone à haute température)<br /> Pour scier de la pierre ou carrelage, on utilise du diamant.<br /> Pour graver ou percer le verre, carbure de silicium ou diamant.<br /> Pour meuler des métaux, oxyde d'aluminium.<br /> Pour le bois, l'acier suffit mais l'outil dure plus longtemps s'il est en carbure.<br /> Pour l'assemblage ensuite, réflexion, ingéniosité et huile de coude.
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