DU FOND DES ESPELUQUES

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Histoire des conseils municipaux dionsois (19)

Publié par Espéluques sur 27 Septembre 2015, 14:05pm

 

19) Dions de 1881 à 1882

 

En cette année 1881, alors que la laïcité vient de prendre le pas sur la religion, De Trinquelague, après 10 ans de mandat de maire, cède la place à Jean Aujol. Adolphe Roux est adjoint. Il y a désormais au conseil de Dions neuf républicains et sept monarchistes.

Mais depuis le départ de Trinquelague la séparation protestant-catholique n’est plus de mise au sein de la représentation municipale, et pour sa première délibération, elle choisit de construire un cimetière commun, étend son emprise à deux autres parcelles attenantes, parcelles appartenant à Frédéric Martin et Mathieu. Le plan du cimetière est tracé par M. Euzéby, architecte à Uzès, qui établit un devis estimatif de 9370 francs, honoraires compris. La construction, après appel d’offres, sera confiée à l’entreprise Adrien Coulomb qui a proposé un rabais de 8.5% sur le prix estimé. Le projet sera approuvé par le préfet en 1882 et réalisé dans la foulée. Il y aura quand même eu auparavant une pétition pour refuser ce nouveau cimetière, au motif que le terrain est inondable. Les pétitionnaires étaient qualifiés d’illégaux par le maire car « bassement sollicités », mineurs, étrangers ou « domestique de Trinquelague à peine arrivé à Dions ». Bonjour l’ambiance dans le village entre cathos et laïques !

 

 

 

 

Le 22 mai, quelques semaines après l’adjudication pour le four communal, Pierre Auger, qui en avait obtenu la gestion, annonce qu’il renonce pour ouvrir son propre four et sa propre fabrication de pain. La mairie ne s’oppose pas. Il acceptera finalement de continuer à faire fonctionner le four communal une fois par semaine. 1882 est aussi la dernière année d’adjudication pour les feuilles de mûriers. Pourtant la production de soie est encore florissante, peut-être les mûriers sont-ils en fin de vie car ils doivent avoir près de 50 ans ? L’arrêté sur les chiens errants pour cause de rage est renouvelé.

A Dions comme en France, les républicains sont au pouvoir, et la république cherche à s’enraciner. Pour autant les rivalités entre royalistes issus des élites catholiques, et républicains souvent protestants et ouvriers, sont vives. Ainsi la mairie décide de construire une école communale de garçons et de filles, en lieu et place des trois écoles confessionnelles. Tur, architecte à Nîmes, est chargé du projet. Il propose une version bien dans l’air du temps : au rez-de-chaussée, la classe des garçons et celle des filles, séparées par un hall occupé par un escalier monumental ; à l’étage les deux logements pour les instituteurs. Il y aura bien entendu un préau, la cour de récréation, les jardins, des citernes en sous-sol pour récupérer les eaux de pluie, des fosses d’aisance. L’estimation, construction, terrain et honoraires, est de  27 000 francs. Le conseil souhaite construire l’école dans un terrain de 2230 m² en bas du village, appartenant à Ferdinand Racanière, l’ancien instituteur, (actuellement propriété de Christian Silbermann). Il faut savoir que Ferdinand Racanière est un catholique virulent et un cumulard invétéré : en plus de ses fonctions de maître d’école, il assure les secrétariats de mairie de Dions et de La Calmette, il est le chantre de l’église, il donne des cours du soir aux adultes, il entretient l’horloge, il fait des expertises pour le compte de la mairie, et à l’occasion réalise un travail de géomètre. Toutes ces tâches sont rémunérées et il s’est donc attiré beaucoup d’inimitiés parmi la population protestante ou laïque aujourd'hui au pouvoir. Racanière refuse de vendre son terrain au prix estimé par les experts de 4460 francs. Il maintient qu’il en vaut plus du double, et qu’il souhaite le garder pour y bâtir des maisons pour son fils et sa fille, propose un autre emplacement au centre du village. Rien n’y fait, le conseil, excédé, envisage une procédure d’expropriation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Où se trouvaient donc les écoles de Dions dans cette seconde moitié du XIXème siècle ? : dans les années 1880, les écoles étaient publiques mais aussi confessionnelles, les garçons et les filles séparés. On avait donc deux écoles catholiques et une ou deux écoles protestantes. Les garçons catholiques étudiaient au rez-de-chaussée de la Maison Commune, les protestants dans l’école du Temple (actuelle maison Auzard). Quelques filles de l’enseignement catholique étudiaient dans une partie de l’ancien logis seigneurial (maison actuelle de Dominique Verdier), sous l’égide des sœurs de St Jean de Pourcharesses, un couvent ardéchois qui possédait quelques biens à Dions. Il semblerait qu’il y ait eu aussi une école protestante dans la rue de l’ancien réservoir, dans une maison appartenant à un Audemard. Quant aux filles de toutes confessions peu fortunées, elles restaient à la maison ou dans les champs. De toute façon aucune éducation scolaire n’était obligatoire, tout particulièrement pour les filles, et il a fallu attendre 1833 pour que les communes de plus de 500 habitants soient tenues d’avoir une école de garçons. En 1850 les classes de garçons sont généralisées et les classes de filles recommandées aux communes « qui en ont les moyens ». A partir de 1882 l’école laïque, gratuite et obligatoire jusqu’à 13 ans est la règle pour toutes et tous. Les garçons sont regroupés dans l’école catholique de la mairie, et les filles dans l’ancienne école protestante. Les sœurs de St Jean continueront jusqu'en 1905 à exploiter leur école privée pour celles qui peuvent payer.

 

Pour la rentrée scolaire d’octobre 1882, le préfet a nommé Vincent Dugoul. Ce sera le premier instituteur communal public de Dions.

Les affaires courantes ne sont pas oubliées et le conseil, saisi par des propriétaires excédés par les dégâts aux arbres et aux récoltes, décide d’interdire aux bergers de garder des chèvres au milieu de leurs troupeaux de moutons, et impose que toutes les chèvres soient attachées à un piquet quant elles paissent dans les champs.

 

 

Prochaine épisode : de 1883 à 1885

 

 
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