DU FOND DES ESPELUQUES

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Bienvenue sur ce blog consacré à Dions, village gardois de caractère


Histoire des conseils municipaux dionsois (24)

Publié par Espéluques sur 6 Décembre 2015, 15:42pm

 

Dions de 1896 à 1900

 

Les élections du 3 mai 1896 offrent leur quatrième mandat à Emile Rieu et Adolphe Roux, alors que le conseil lui-même est largement renouvelé.

La commune adhère à une société de secours mutuel qui permet aux dionsois, moyennant une cotisation modeste, d’être remboursés des frais médicaux, des obsèques ou de recevoir une aide pour les travaux agricoles en cas d’accident grave. Ancêtres des mutuelles actuelles, ces sociétés, en exaltant la responsabilité individuelle de chaque membre, pouvaient pratiquer des tarifs très bas.

 

 

 

 

L’affaire du WC n’a pas calmé le ressentiment du nouveau conseil envers le curé. A l’unanimité, et pour le punir de son implication dans la campagne électorale, la commune lui retire la subvention annuelle de 200 francs qui était la règle jusqu’à présent. Elle sera rétablie si un autre curé venait à être nommé. Mais pour ne pas pénaliser les indigents, une somme de 100 francs est provisionnée pour leur payer baptême, mariage ou enterrement religieux.

Un permis de recherche est accordé à la Sté d’Exploitation des Mines d’Or de France pour effectuer des sondages aurifères dans les alluvions du Gardon. Une autre autorisation sera demandée plus tard par un certain Van de Putte. Toutes ces recherches seront vaines. A Dions en tout cas, car à Russan une exploitation industrielle verra le jour et sera active entre 1896 et 1901 pour des résultats très médiocres.

En 1897 la préfecture finit par répondre à la proposition de la commune faite en 1889, qui consistait à établir un barrage de fascines en amont du pont pour dévier le cours des eaux vers la rive droite. Elle estime à 1100 francs ce barrage et le dégagement des arches, et demande une participation financière à Dions. Le conseil vote une aide de 300 francs qu’ils souhaiteraient voir s’ajouter aux 1100 de l’Etat. Ces travaux n’apporteront finalement pas grand-chose au bon fonctionnement du pont.

Le conseil déborde d’idées et décide de faire appel à un architecte pour les aider dans leurs projets. Ils achètent les terrains et commandent les murs de soutènement et les travaux de chaussée pour donner à la rue de la Batiraille (devant le parking actuel), un débouché sur la RD22. Le tout estimé à 3000 francs.

 

 

 

Plan du bas de la rue de la Batiraille

 

Ils achèteront également aux Ets Toubas, électriciens à Nîmes, des paratonnerres pour les bâtiments publics, écoles et église, pour 1378 francs. Les fontaines publiques c’est bien mais ça ne suffit pas. On s’engage à construire des lavoirs pour 2830 francs. On en profite pour aménager les aires de Braune en posant des bancs et en plantant des platanes coté rivière. Et enfin on étudie les solutions possibles pour un éclairage public. On emprunte donc à la Caisse des Dépôts et Consignations une somme de 9500 francs remboursables sur 25 ans avec un taux d’intérêts de 3.60 %. Une bonne opération puisque à partir de 1905 l’inflation dépassera le taux d’emprunt et atteindra même 40% à la fin de la première guerre mondiale.

Les premiers éclairages urbains en France datent de 1667. Des lanternes garnies d’une chandelle, étaient posées à chaque extrémité de rue. Peu avant la Révolution les lanternes cèdent la place aux réverbères munis de lampes à huile. Vers 1820 les premières villes commencent à s’équiper au gaz d’éclairage. Pour Nîmes ce sera en 1838. Et c’est à partir de 1880 (en 1889 à Nîmes), que l’électricité commence à faire son apparition comme moyen d’éclairage public. Mais l’électrification de la France ne démarrera vraiment qu’en 1910 et sera générale en 1940.

On se souvient qu’en 1881, Pierre Auger avait souhaité se désengager de l’adjudication du four communal pour manque de rentabilité. Il est aujourd’hui en difficulté financière, et la commune, désireuse de conserver cette facilité pour les dionsois, lui accorde une aide de 50 francs.

Arrive 1898 et la vente de concessions perpétuelles reste forte. On débloque donc des surfaces supplémentaires à cet effet.

Mais 1898 est aussi une année d’élections législatives. Les méditerranéens dans l’ensemble ont le sang chaud et la politique chevillée au corps. Les dionsois n’échappent pas à la règle et dans la virulence, l’insulte et l’anathème, ils n’ont de leçon à recevoir de personne. L’affrontement entre le républicain progressiste Léonce Pascal et le radical Fernand Crémieux, tous deux de gauche, est sanglant et notre village fait souvent la une des journaux locaux, ce qui n’est pas très fréquent dans l’histoire de la commune. Les soirées doivent être animées à Dions et les dépouillements électoraux particulièrement pittoresques. Nous sommes en pleine affaire Dreyfus et Crémieux, qui a pris fait et cause pour l’innocence du capitaine, reçoit plus de « youpin », bien qu’il soit en réalité protestant, que de fleurs. Il perdra ces élections mais sera par la suite élu sénateur à plusieurs reprises.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dions et les élections dans la presse locale

 

 

 

 

Nous disposons aussi pour cette année des résultats du certificat d’études, ce fameux diplôme qui marque pour la quasi-totalité des français la fin de la scolarité, qui témoigne qu’on sait lire, écrire et compter, et qui surpasse dans l’esprit de la population d’alors la valeur du bac d’aujourd’hui. On ne présente au certificat que les élèves ayant le niveau. Ce n’est pas un diplôme au rabais, et seuls les plus intelligents concourent. Dans tout le canton de St Chaptes ce sont seulement 19 enfants qui sont admis à participer aux épreuves, 12 garçons et 7 filles. Et cocorico ! il y a trois dionsois et dionsoise dans le lot, et tous reçus : Jules Bernard, Emile Allier (qui n’a que 11 ans et sera hélas tué pendant la guerre de 14-18) et Marie Hermet.

Revenons aux affaires de la commune. Le conseil constate que le chemin qui part du chemin de Nîmes, coupe le chemin du Pontel et se poursuit vers Russan en fond de vallon, a été usurpé par les propriétaires riverains. Il donne donc quitus au maire pour rétablir ce chemin, le porter au cadastre et engager les pourparlers avec les propriétaires concernés.

A propos des chemins vicinaux, la commune se fait un peu remonter les bretelles par la préfecture car elle « saucissonne » les marchés pour échapper aux adjudications. Le préfet conseille vivement de se conformer aux règlements et de se placer sous la direction d’un agent des Ponts et Chaussées pour lancer les travaux.

L’adjudication pour les lavoirs est publiée. La mise à prix est de 2670 francs. Cinq entreprises font une offre, Jules Charbonnier de Nîmes est choisi en offrant un rabais de 26.60%.

 

 

 

 

 

 

Les plans de la fontaine et des lavoirs dessinés en 1897

 

Le même jour on dépouille les offres pour les paratonnerres, et c’est Toubas, électricien à Nîmes, qui emporte les travaux en proposant un rabais de 15% sur une valeur estimée de 1300 francs.

Les paratonnerres sont posés dans la foulée, et en avril 1899 les lavoirs sont mis à disposition des dionsois…  Des dionsoises surtout !

Le 15 octobre et en grande pompe, une cloche est posée à l’église. D’un poids de 400 kg, elle a été fondue par les Ets Aragon de Lyon. Elle est baptisée Marie, Louise, Coralie, René. Son parrain est le baron René de Trinquelague, et sa marraine Marie Fregeirolle.

Nous sommes en 1900 et les élections municipales approchent. Les communes rurales se dépeuplent depuis quelques dizaines d’années et Dions n’échappe pas à cet exode. La plupart de ces ex-dionsois continue à payer des impôts à Dions, et demande à s’inscrire sur les listes électorales. Une révision des listes permet d’en rajouter 92 d’un coup : 47 habitant à Nîmes, 10 à La Calmette, d’autres à St Chaptes, Vers, Clarensac… une vingtaine de communes en tout.

Nous avons aussi en 1900 un changement de curé. Cordilhac s’en va pour être remplacé par Gaston Capet. Le conseil prend acte et rétablit la subvention supprimée quatre ans plus tôt.

La commune demande un bureau de facteur-receveur à Dions. Cette demande sera refusée. Il n’est prévu en ce bientôt début de siècle qu’un seul bureau de poste par canton, et il est à St Chaptes.

L’adjudication pour les travaux de débouché de la rue de la Batiraille attire sept entrepreneurs. La mise à prix est de 1376 francs, et Pierre César emporte le marché avec un rabais de 31%.

 

 

Prochain épisode : Dions de 1900 à 1904

 

 

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