DU FOND DES ESPELUQUES

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Bienvenue sur ce blog consacré à Dions, village gardois de caractère


Histoire des conseils municipaux dionsois (25)

Publié par Espéluques sur 20 Décembre 2015, 15:51pm

 

Dions de 1900 à 1904

 

Les élections confirment encore Emile Rieu et Adolphe Roux aux commandes de la commune.

En juillet 1900 les travaux sur la rue de la Batiraille sont terminés et elle dispose d’un accès carrossable sur la RD22.

Le grappillage des raisins est l’objet de quelques dérapages. Le conseil précise par un arrêté les dispositions légales qui le régisse : après autorisation du maire, après le lever du soleil et avant son coucher, pas dans les enclos, après un délai supplémentaire de trois jours pour la paissance des animaux.

Il arrive de temps à autre qu’un dionsois fasse l’objet d’un article de presse. C’est le cas cette année avec Louis-Mathieu Pralong … qui écope de 6 jours de prison avec sursis pour coups et blessures !

 

 

 

 

 

 

Le coup de colère du conseiller Barbusse

Le projet d’éclairage public suit son cours. Dions n’est pas électrifiée et le choix se limite entre gaz hydrocarburé (issu de la distillation du pétrole) et pétrole lampant. Bien que le gaz nécessite quelques investissements, il est plus fréquemment utilisé et les retours des autres communes sont positifs. C’est donc le gaz avec le système Roque qui sera adopté. Le conseil autorise le maire à traiter les marchés de gré à gré. Sauf que le conseiller Esaü Barbusse, furieux que la réunion du conseil ait eu lieu en son absence, accuse le maire de décider « en famille », et donne sa démission. Démission refusée par le conseil municipal. La volonté du maire n’en est pas affaiblie pour autant. 

L’entreprise Parpaillon de Bordeaux, seule concessionnaire, fournira gratuitement et à titre de prêt, 22 lampes, leurs accessoires, et des doseurs pour 3, 4, 5 et 6 heures de fonctionnement. En retour, la commune achètera le gaz à 62 centimes/litre, conditionné en bonbonnes de 60 litres à prendre au dépôt Parpaillon de St Louis-les-Aygalades dans les Bouches-du-Rhône. La consigne des bonbonnes est de 4 francs, mais ne sont reprises que pour 3.50 francs. Le service de l’éclairage sera assuré par un employé municipal. La commune achète aussi à 28 francs/pièce, 18 lanternes de ville en cuivre rouge à verre double, dans lesquelles seront posées les lampes d’éclairage. Le contrat est établi pour trois ans, c'est-à-dire jusqu’au 30 septembre 1903. Gédéon Bruguier, serrurier rue de la Maison Carrée à Nîmes, fournira et posera 17 consoles et 1 poteau pour supporter les lanternes, moyennant la somme de 450 francs. Au début de 1901 Dions sera éclairé la nuit. Peut-être pas toute la nuit quand même !

 

 

 

Le contrat d'éclairage public de 1900

 

La commune se préoccupe du sort des vignerons car la mévente des vins est criante. Concurrence étrangère et vins trafiqués ruinent les petits propriétaires. A l’instar des autres communes viticoles du Midi, Dions demande au gouvernement des mesures immédiates : arrêt du sucrage à prix réduit, interdiction des vins artificiels et des piquettes, dégrèvements d’impôts, suppression des droits d’octroi, unification des tarifs de transport, abaissement des droits de douane à l’export, …

 

A partir de 1850-1860, avec la création des lignes de chemins de fer, de nouveaux débouchés se font jour pour la viticulture méridionale. L’ouverture massive de débits de boissons en 1880 achèvera de transformer nos départements languedociens en un immense vignoble. De grandes fortunes se forment mais les aspects négatifs de la monoculture ne tardent pas à apparaître. L’oïdium, le phylloxéra, puis le mildiou sont autant de crises qui jalonnent la deuxième moitié du XIXème siècle. Les fraudes toujours impunies, les vins étrangers, la désorganisation du marché, s’ajoutent à la surproduction. Les années 1905 et 1906 sont des années de récolte surabondante, on a fait « pisser » la vigne et on importe massivement des vins algériens pour couper nos vins trop médiocres. Tous les ingrédients sont réunis pour qu’en 1907 éclate la révolte. Les manifestations se succèdent. Malgré le soutien de Jean Jaurès aux vignerons, malgré l’appui de la plupart des partis politiques aux manifestants, Clémenceau refuse de céder et fait intervenir la troupe. Les soldats se mutinent, déposent les armes, fraternisent avec les paysans… Des négociations finiront par avoir lieu, des mesures seront prises, les tensions s’apaiseront. Mais le Midi « rouge » est né !

 

Toujours en 1901, la commune réclame en vain le classement du chemin n°4 (actuelle RD225) en chemin vicinal, ce qui permettrait l’octroi de subventions pour terminer son aménagement. Elle refuse de viabiliser les 700 mètres les plus proches de la RN106 qui sont dans le territoire de Nîmes. Cette portion, étroite et mal aménagée, reste impraticable aux diligences et aux attelages les plus lourdement chargés. Pourtant en 1902, devant le blocage de la situation, Dions décidera de mettre la main à la poche pour enfin ouvrir à tous les véhicules cette « Route Neuve ». On verra que les années vont passer et que cette portion restera encore longtemps de viabilité incertaine. Bien entendu l’ancien chemin qui passait par le camp militaire est fermé et les charrettes doivent faire le détour par La Calmette avec une montée de l’Escalette pénible pour les chevaux et les hommes.

Une nouvelle loi impose aux congrégations religieuses de nouvelles prescriptions, et faute de s’y conformer elles sont dissoutes de plein droit. A Dions les sœurs de St Dominique, dont le siège est à St Jean de Pourcharesses en Ardèche, ont depuis 50 ans une école primaire pour les jeunes filles catholiques. Elles demandent donc une autorisation pour poursuivre leur activité. Le Préfet se retourne vers le conseil municipal pour lui demander son avis, un rapport circonstancié sur leur origine, leur rôle, leurs agissements, leur utilité, les œuvres poursuivies, ainsi que des renseignements sur les membres de cette congrégation. Le conseil municipal donne un avis défavorable, arguant que les congrégations se dressent en adversaires de la laïcité, qu’elles sont un danger pour la République et qu’elles entretiennent la division chez les enfants. L’école catholique de filles à Dions sera donc fermée.

Rien de particulier en 1902 sinon la réparation du pont de l’Esquielle sur le chemin du Bruel et l’adjudication pour les truffes qui continue son bonhomme de chemin.

En 1903, la situation sanitaire désastreuse de la France, et Dions n’est pas plus vertueuse que les autres communes, la permanence des maladies infectieuses, obligent le gouvernement à prendre des mesures de salubrité publique fortes. La circulaire ministérielle du 30 mai, oblige les communes à édicter un règlement sanitaire. Ce règlement est très complet et très contraignant. Il vise l’aération des logements, leur éclairement par des ouvertures largement dimensionnées, leur propreté, le blanchiment des murs à la chaux, les écoulements des eaux usées. Les puits doivent être fermés ou éloignés des fosses à purin et autres tas de fumier. Les écuries et étables seront passées à la chaux, les sols imperméabilisés et les déchets récupérés et stockés à bonne distance des habitations dans des aires étanches. Les animaux morts doivent être enterrés loin des maisons, des puits et des sources. Les hôteliers et loueurs devront signaler à la mairie les cas de maladie transmissible. Tous les individus atteints de telles maladies devront être isolés et toutes les précautions prises pour éviter la contagion. Les objets et linges souillés seront désinfectés pendant 1/4h au moins à l’eau bouillante.

Toute une éducation à la propreté et à l’hygiène qui faisait largement défaut en ces temps pas si reculés.

 

 

Prochain épisode : Dions de 1904 à 1908

 

 
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